La nuit du 25 au 26 août 2025 restera gravée dans l’histoire personnelle d’Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte. Pour la première fois de sa carrière, ce habitué des ultra-longues distances s’attaquait à la TDS, une épreuve qu’il redoutait plus que l’UTMB lui-même. Cette course de 148 kilomètres et 9300 mètres de dénivelé positif allait révéler une facette différente de ce traileur atypique.
Contrairement à ses performances habituelles sur les formats longs où il excelle, la TDS représentait un territoire inconnu pour Alexandre. Cette course nerveuse, technique et imprévisible ne pardonne aucune erreur tactique. Le défi était de taille pour celui qui avait fixé comme objectif un top 30 « satisfaisant ».
Sommaire
Le départ nocturne : première confrontation avec l’inconnu

23h50 à Courmayeur : dans l’obscurité alpine
L’ambiance au départ de la TDS 2025 contrastait radicalement avec l’effervescence de l’UTMB. Pas de grandes caméras ni de feux d’artifice, juste cette tension palpable qui caractérise les départs nocturnes en montagne. Les 1500 coureurs s’élançaient dans la nuit noire, frontales allumées, vers un parcours que beaucoup découvraient.
Alexandre Boucheix semblait concentré mais visiblement tendu par cet environnement nouveau. Ses propres mots résonnaient encore : « Ce parcours ne pardonne rien. Et moi, je le découvre. » Cette vulnérabilité assumée tranchait avec son assurance habituelle sur les ultra-longues distances.
Stratégie annoncée : la prudence avant tout
Le coureur parisien avait clairement affiché ses intentions avant le départ. Pas de folie tactique, pas de pari risqué, juste « prendre la température » et voir ce que ses jambes pouvaient produire sur ce terrain hostile. Cette approche conservatrice reflétait son respect pour une épreuve qu’il qualifiait de « cynique, malhonnête, illisible ».
Voir le résultat de Casquette Verte ici sur la TDS.
Premiers kilomètres : un départ en retrait assumé

Checrouit (km 7,6) : 57e position après 53 minutes
Le premier pointage officiel au refuge de Checrouit révélait déjà la stratégie d’Alexandre. Passé en 52 minutes et 58 secondes avec une moyenne de 8,6 km/h, il pointait à la 57e place. Cette position, bien éloignée du peloton de tête, correspondait parfaitement à son plan de course prudent.
L’écart avec les leaders (Charvolin, Marmissolle, Capell) atteignait déjà plus de 3 minutes. Sur le papier, cette différence paraissait anodine, mais sur une course comme la TDS, ces écarts psychologiques pèsent lourd dans la suite des événements.
Mont-Favre (km 12,1) : première remontée
L’arête du Mont-Favre marquait le premier test technique sérieux de cette TDS 2025. Alexandre y signait une progression encourageante, gagnant 10 places pour se hisser au 47e rang après 1h31 de course. Sa vitesse moyenne de 6,9 km/h sur cette section montrait une bonne adaptation au terrain montagneux.
Cette remontée au classement témoignait de sa capacité d’adaptation progressive. Néanmoins, l’écart avec la tête de course continuait de se creuser, les leaders étant passés plus de 6 minutes plus tôt avec une cadence bien plus soutenue.
La phase nocturne : gestion et régularité
Col des Chavannes (km 20,5) : consolidation à la 50e place
Après 2h39 d’effort, Alexandre franchissait le col des Chavannes en conservant sa 50e position. Cette stabilité dans un peloton très volatil démontrait une approche tactique cohérente. Sa vitesse de 6 km/h dans la dernière ascension respectait parfaitement son plan de course conservateur.
Le maintien de cette position illustrait sa philosophie de course : ne pas se griller dans les premières heures, gérer son effort, et espérer remonter dans la seconde partie de course quand les organismes commencent à flancher.

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⚡ Voir les nouveautés i-RunPetit Saint-Bernard (km 35,9) : premier coup d’arrêt
Le col du Petit Saint-Bernard marquait un tournant dans la course d’Alexandre. Passé en 4h22 après avoir brièvement occupé le 47e rang, il reculait à la 63e place. Ce premier recul significatif coïncidait avec l’arrivée sur les crêtes techniques où la TDS révèle son vrai visage.
Cette chute au classement s’expliquait en partie par sa vitesse moyenne de 8,9 km/h sur cette section, correcte mais insuffisante face à la cadence des coureurs plus familiers du parcours. L’écart avec les leaders Charvolin et Marmissolle atteignait désormais 30 minutes, un gouffre difficile à combler.
Bourg-Saint-Maurice : le tournant de la course
Km 50,9 : rebond inattendu
Contre toute attente, Alexandre signait une belle remontée à Bourg-Saint-Maurice en se hissant à la 60e place. Cette progression de 7 positions après une pause de 6 minutes démontrait sa capacité à rebondir mentalement. Pour quelqu’un qu’on croyait en difficulté, cette réaction témoignait de son expérience des ultra.
L’analyse de cette phase révélait toute la complexité psychologique de la TDS. Contrairement aux ultra-longues distances où les écarts se stabilisent, cette course impose un rythme nerveux qui déstabilise même les coureurs expérimentés.
Tensions dans l’équipe d’assistance
Les réseaux sociaux révélaient une certaine tension autour du suivi médiatique d’Alexandre. Une story Instagram de Cécile Bertin, membre de son assistance, évoquait une « grosse toux due à la poussière » handicapant le coureur. Plus interpellant, sa remarque finale : « désolée pas de vidéo, l’esprit trail ne semble pas exister entre ‘confrères journalistes' ».
Cette déclaration pointait du doigt une forme de concurrence ou de tension entre les médias couvrant l’événement. Elle soulevait des questions sur l’équilibre entre couverture journalistique et respect de la vie privée des athlètes, particulièrement dans l’ère des réseaux sociaux.
L’effondrement : Fort de la Platte
Km 55,5 : chute libre au classement
Le passage au Fort de la Platte marquait un tournant dramatique dans la course d’Alexandre. Passé à 7h23 après 7h31 de course, il chutait brutalement à la 97e place, perdant 37 positions en seulement 4,6 kilomètres. Cette dégringolade spectaculaire contrastait violemment avec sa dynamique précédente.
L’analyse des données révélait l’ampleur de cette défaillance : sa vitesse moyenne chutait à 2,8 km/h sur cette section, un ralentissement dramatique qui signait soit un passage à vide temporaire, soit le début d’une crise profonde. Cette section entre Bourg-Saint-Maurice et Fort de la Platte s’avérait particulièrement piégeuse.
Analyse technique et tactique
Les spécificités redoutables de la TDS
La TDS impose des contraintes uniques dans l’univers du trail. Contrairement à l’UTMB où la longueur permet de rattraper les erreurs tactiques, la TDS ne pardonne aucune faiblesse. Ses 148 kilomètres concentrent toutes les difficultés alpines : dénivelé brutal, technicité extrême, changements d’altitude constants.
Alexandre l’avait parfaitement identifié en qualifiant ce parcours de « cynique ». Cette course révèle impitoyablement les failles techniques et mentales des coureurs, même les plus expérimentés.
L’impact du format sur la stratégie
Les ultras longs permettent une gestion progressive de l’effort sur 20 heures ou plus. La TDS, avec ses 15-18 heures de course, impose un rythme soutenu dès le départ. Cette différence fondamentale explique pourquoi certains spécialistes des très longues distances peinent à s’adapter à ce format plus nerveux.
La stratégie d’Alexandre, basée sur la prudence initiale et la remontée progressive, se heurtait à cette réalité implacable de la TDS. Ici pour suivre la TDS en Live.
Quentin, 26 ans, passionné de trail : suivez mes aventures au cœur des sentiers, entre défis sportifs et communion avec la nature.