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Faut-il dormir pendant l’UTMB : Ma réponse

La question du sommeil sur l’UTMB divise depuis toujours la communauté des ultra-traileurs. Entre ceux qui prônent la course sans arrêt et ceux qui planifient méticuleusement leurs pauses, où se situe la vérité ? Après analyse des données scientifiques et retours d’expérience, ma réponse est claire : oui, il faut dormir pendant l’UTMB, mais de manière stratégique et réfléchie.

Pourquoi le sommeil devient crucial sur l’UTMB

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L’impact physiologique de la privation de sommeil

L’UTMB impose aux coureurs une privation de sommeil de 30 à 46 heures selon leur niveau. Cette dette de sommeil engendre des conséquences physiologiques majeures que la science a clairement établies. La détérioration des fonctions cognitives apparaît dès les premières heures de manque de sommeil.

Les symptômes s’accumulent progressivement : baisse de la vigilance, ralentissement des réflexes, diminution de la capacité de concentration. Sur un terrain technique comme celui du tour du Mont-Blanc, ces défaillances deviennent rapidement dangereuses, tant pour le coureur que pour ses concurrents.

Troubles moteurs et risques de chute

Au-delà des aspects cognitifs, la privation de sommeil affecte directement la coordination motrice. Les micro-endormissements involontaires se multiplient, particulièrement dangereux dans les descentes techniques ou sur les passages exposés.

Cette dégradation progressive des capacités motrices explique pourquoi de nombreux accidents surviennent lors de la deuxième nuit de course. Le cerveau privé de sommeil peine à coordonner les mouvements complexes requis par la progression en montagne.

Ma stratégie de sommeil pour l’UTMB

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Préparation en amont : constituer une réserve

Ma première recommandation concerne la préparation pré-course. Les semaines précédant l’UTMB doivent être consacrées à l’accumulation d’un maximum de sommeil de qualité. Cette « banque de sommeil » constituera votre réserve pour affronter les deux nuits blanches.

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L’idéal consiste à dormir 8 à 9 heures par nuit pendant les deux semaines précédant le départ. Cette surcompensation permet d’aborder la course avec des réserves cognitives optimales, retardant l’apparition des premiers signes de fatigue.

Stratégie nocturne : dormir intelligemment

Contrairement aux courses plus courtes, l’UTMB nécessite une approche différenciée du sommeil. Ma recommandation : planifier des siestes courtes mais récupératrices, particulièrement pendant les heures les plus difficiles.

La première nuit constitue le moment clé. Dès que la somnolence se fait sentir, généralement entre 2h et 4h du matin, une sieste de 15 à 20 minutes peut transformer votre course. Cette pause, même brève, permet de recharger significativement les batteries cognitives.

Timing optimal : respecter les rythmes circadiens

Le timing des siestes revêt une importance capitale. Mon conseil : privilégier les pauses pendant les heures de sommeil naturel (2h-6h du matin) et en début d’après-midi (13h-15h), moments où la somnolence est physiologiquement maximale.

Éviter absolument les siestes en fin d’après-midi ou en soirée, périodes où l’organisme retrouve naturellement de la vigilance. Une sieste mal placée peut perturber votre rythme pour le reste de la course.

Horaire Recommandation Durée
2h-6h Sieste recommandée 15-20 min
13h-15h Sieste possible 10-15 min
18h-22h À éviter
2e nuit Siestes fréquentes 20-30 min

Techniques pratiques pour optimiser le sommeil

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Choisir le bon endroit

L’emplacement de votre sieste influence directement sa qualité récupératrice. Ma recommandation : privilégier les altitudes basses et les environnements calmes. Les refuges en vallée offrent généralement de meilleures conditions que les postes de ravitaillement en altitude.

La température, l’humidité et la pression atmosphérique des basses altitudes favorisent un sommeil plus réparateur. Même 20 minutes dans ces conditions valent mieux qu’une heure dans un environnement défavorable.

Matériel et préparation

Anticipez vos besoins de sommeil dès la préparation de votre équipement. Un sac de couchage ultraléger, des bouchons d’oreilles et un masque de sommeil peuvent transformer une sieste médiocre en récupération efficace.

L’investissement dans du matériel de sommeil adapté se justifie largement sur une course de cette durée. Le poids supplémentaire sera compensé par le gain en efficacité cognitive et motrice.

La deuxième nuit : moment critique

Multiplier les pauses courtes

La deuxième nuit constitue le moment le plus critique de votre UTMB. La dette de sommeil accumulée rend les siestes encore plus nécessaires. Ma recommandation : ne jamais dépasser 3 heures consécutives sans dormir pendant cette période.

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Les siestes peuvent alors s’allonger légèrement, jusqu’à 30 minutes si nécessaire. L’objectif n’est plus d’optimiser le temps de course mais de maintenir un niveau de sécurité acceptable jusqu’à l’arrivée.

Signaux d’alarme à ne pas ignorer

Certains signaux doivent impérativement déclencher une pause sommeil immédiate : hallucinations visuelles, perte d’équilibre répétée, incapacité à se concentrer sur le tracé. Ces symptômes indiquent un niveau de privation de sommeil dangereux.

Ignorer ces signaux d’alarme expose à des risques majeurs d’accident. Aucun classement ne justifie de mettre sa sécurité en danger par négligence du sommeil.

Arguments contre les siestes : pourquoi ils sont faux

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Le mythe de la perte de temps

L’argument principal des opposants aux siestes concerne la perte de temps supposée. Cette vision est erronée car elle ne prend pas en compte la dégradation progressive de l’allure due à la fatigue cognitive.

Un coureur privé de sommeil voit son allure chuter de 20 à 30% pendant les phases critiques. Une sieste de 20 minutes peut lui permettre de récupérer une allure normale pendant plusieurs heures, compensant largement le temps d’arrêt.

La difficulté de réveil

Autre objection fréquente : la difficulté à se réveiller après une sieste. Ce problème se résout par une planification stricte des durées. Les siestes de 15-20 minutes évitent l’entrée en sommeil profond, facilitant le réveil.

L’utilisation d’une alarme et d’un réveil par un proche ou un bénévole garantit un réveil dans les temps. Cette organisation préalable élimine le risque de sommeil prolongé involontaire.

Retour d’expérience des champions

Stratégies gagnantes

L’analyse des stratégies des vainqueurs UTMB révèle que la plupart intègrent des pauses sommeil dans leur course. François d’Haene, Kilian Jornet ou Courtney Dauwalter ont tous eu recours à des siestes stratégiques lors de leurs victoires.

Ces champions comprennent que l’ultra-trail n’est pas un sprint prolongé mais une épreuve de gestion globale. Le sommeil fait partie intégrante de cette gestion, au même titre que la nutrition ou l’hydratation.

Témoignages de finishers

Les retours des finishers UTMB confirment massivement l’intérêt des siestes. La majorité des coureurs ayant terminé dans de bonnes conditions mentionnent avoir dormi, même brièvement, pendant leur course.

Les abandons pour épuisement mental sont souvent liés à un refus obstiné de s’arrêter pour dormir. Cette approche « héroïque » se révèle contre-productive sur une épreuve de cette durée.

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Après la course : récupération indispensable

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Interdit de conduire immédiatement

Règle absolue : ne jamais prendre le volant directement après l’arrivée. La dette de sommeil accumulée rend la conduite dangereuse, tant pour vous que pour les autres usagers. Cette recommandation n’est pas négociable.

Prévoir systématiquement un chauffeur pour le retour ou une nuit sur place avant de reprendre la route. Les accidents post-course liés à la somnolence sont malheureusement fréquents et évitables.

Protocole de récupération optimal

L’idéal consiste à consacrer au minimum 5 heures de sommeil complet avant toute autre activité. Cette récupération permet de commencer à rembourser la dette de sommeil accumulée pendant les deux jours de course.

Associer ce sommeil récupérateur à une alimentation adaptée et des étirements doux optimise le processus de récupération globale. Le corps et l’esprit ont besoin de temps pour assimiler l’effort fourni.

Ma conviction est ferme : dormir pendant l’UTMB n’est pas un luxe mais une nécessité. Cette approche stratégique du sommeil transforme une épreuve de souffrance en aventure maîtrisée. Les bénéfices dépassent largement les quelques minutes « perdues » en siestes.

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